Creazione a Lione del Concerto per Trombone di Jean Guillou

Premiere of Jean Guillou's Trombone Concerto in Lyon

Création à Lyon du Concerto pour Trombone
de Jean Guillou


Considérerait-on l'art d'un peintre en isolant ses dessins ou ses eaux-fortes de ses huiles ou de ses aquarelles ? Le fait de se concentrer sur l'oeuvre d'orgue de Jean Guillou en ignorant l'ensemble de son catalogue conduit à d'analogues dommages quant à la perspective d'ensemble. Les a priori rejetant le compositeur hors du flux naturel de la musique contemporaine sous prétexte qu'il serait issu du monde clos de l'orgue, sont particulièrement hors de propos s'agissant d'un créateur aussi résolument intégré à la modernité que Jean Guillou.

La première à Lyon – après quelque vingt ans d'enfouissement dans les limbes de l'oubli – du Concerto pour trombone, ensemble de cuivres et percussions, op. 48 de notre compositeur, venait opportunément rappeler combien il peut enrichir le répertoire d'instruments peu courus en y inscrivant une empreinte personnelle. Coloré d'un effectif original, un tel concerto est appelé à se frayer un chemin attrayant parmi les oeuvres mettant en valeur les trombonistes solistes.

De brouillards sonores en vagues d'ivresse auditive, d'épisodes lyriques insinuant une chaude émotion en incises rythmiques traçant le discours à la pointe sèche, l'énergie – le "vitalisme" – propre à Jean Guillou irrigue toute l'oeuvre et libère de la pesanteur du temps une partition aux proportions pourtant développées.

L'instrument soliste peut y déployer les séductions de l'échelle complète liée à son vaste ambitus (deux cadences lui sont de surcroît dévolues), tandis que le choeur des cuivres échappe à l'homochromie par les reliefs, aspérités, commentaires, interjections, éclats de lumière que lui apportent sans cesse les parties de percussion, très fournies mais ciselées tout en finesse.

Le concert lyonnais du Vendredi 13 (quel signe !) 2009 se déroulait sous des auspices favorables puisqu'il était porté par le jeune talent déjà confirmé de Fabrice Millischer, issu de la classe de trombone du CNSM de Lyon puis victorieux au Concours international de l'ARD à Münich, et maintenant trombone solo de la Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern. La sûreté de son émission et la beauté de sa sonorité le désignent comme un interprète d'élection de la musique écrite au XXème siècle pour son instrument.

Emporté par la vigueur de Thierry Caens, l'ensemble de cuivres et percussions des étudiants du CNSM de Lyon témoignait, malgré un nombre restreint de répétitions, d'un niveau d'exécution qui, il y a peu, eût semblé inatteignable par un orchestre issu de classes, même supérieures, d'un Conservatoire. Le souffle d'une véritable interprétation devait beaucoup à l'expérience soutenue qu'a Thierry Caens de la musique de Jean Guillou : créateur à la trompette de L'ébauche d'un souffle, et du Concerto "Roi Arthur", il se révélait ici un chef tenant admirablement ses troupes.

Sous l'égide de tels interprètes, l'opus 48 de Jean Guillou entreprend une carrière que l'on augure propice tant le répertoire des concertos pour vents appelle un enrichissement animé d'un message musical authentique et sortant des sentiers battus.

Sylviane Falcinelli








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