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Jean Guillou's seven Organ Concertos

Jean Guillou, Innovator of the Concerto for organ

Central to Jean Guillou’s creative approach is the notion of an interplay of dramatis personae; i.e., of musical themes or individual colored fragments involved in a conversation or colloquy (“Colloques” is the title of a chamber music sequence in his catalogue). Focusing his attention on the dialogue between organ and orchestra (two sound worlds rich in pictorial suggestion and spatialization), the composer develops a distinctive musical dramaturgy in which his inventiveness reshapes the nature of these opposing forces.

The seven concertos which Jean Guillou wrote for organ and chamber or symphonic orchestra, two of them being with only separate sections (n° 3 with strings, n° 5 "King Arthur" with a brass quintet), show the composer blending and intertwining tones drawn from both these musical palettes. His technique sometimes recalls that of the cinematic "dissolve" and leaves the listener at a loss to determine the source of a particular sound !

Beginning with his first experiment in such pairings, Inventions (Op.7) , he created new colours by combining techniques of instrumental playing with those for the organ and by superimposing a « colloquy » between piano and organ on the orchestral framework.
Although this early work is still marked by the influence of Stravinsky (especially in its elaborate polyphony for winds and its rhythmic vigor), the young master's touch is fully apparent in startling emphases (like swipes of a lion's paws !) and in moments of emotion when time seems suspended.

Somewhat later, Jean Guillou opened up new horizons of the musical imagination. In his Concerto Héroïque, for example, the orchestral strata seem to wander in indeterminate fashion, their nebulous character interrupted by flashes of lightning in which we catch glimpses of various "sound characters" (the dramatis personae), while the organ proceeds by "orchestrating" its own resources of timbre.

The bewitching immensity of the “Concerto 2000” leads our imagination gradually away from dark regions into a radiant "assumption" of light, only to let it fall back again into a gloom where fiery eruptions burst forth. There, like scintillating stars in the night sky, sonic diamonds seem to sparkle in the orchestral shadows. Composite timbres move from orchestra to organ without being identifiable from a "concertante" point of view, in the traditional sense. The composer acts rather like a producer in charge of the many-sided dimensions of his musical space.

The expressive power of Concerto n°3 - a very different world- originates in a polyphonic density freely inspired by serialism, developing a defective row.
Even the Concerto n° 5, conceived for a reduced brass section with organ, organizes the layout of its instrumental writing, so as to create a feeling of space and depth of field. These work represents an isolated experiment before the composer's return to the poetic appeal of symphonic scoring in his Concerto n°6.

The new work (Concerto n°7) realizes at its best the potentialities of a 40-player orchestra, achieving an acoustic and musical fullness through the intensity of vertical tensions and the individual writing of horizontal parts. The entire musical space is vehemently occupied, animated by a generous vibration which informs the dialogues between organ and orchestral soloists (principally percussion or woodwinds). The registers of the organ prolong or anticipate figures played by such and such instrumental group, and, at times, the overtones produced by mutation stops and by percussion instruments are drawn together in a spellbinding symbiosis.

Advancing years have in no way subdued the composer’s indomitable temperament which seems, on the contrary, to have taken fire from new experience, as seen for example in a recent work, “La Révolte des orgues” (op. 69) for principal organ, eight positive organs, and percussion.
Every new work of his (like every improvisation dictated by his genius) communicates an exhilarating strength that seems to arise from some hidden dimension of the inner epic that has unfolded over seventy opus numbers.

Jean Guillou is unique in having freed the concerto for organ and orchestra from the neo-classical or post-symphonic framework and in having infused in it a richness of truly contemporary orchestration. No one has created a comparable sequence of masterpieces in this genre, or deployed with such skill and inventive ingenuity the multifarious variations which this specific combination of resources offers.

Sylviane FALCINELLI

[ Text published under the title Jean Guillou's Organ Concertos in The American Organist, Vol. 41/ N°8 (August 2007) ]

Les sept concertos pour orgue et orchestre
de Jean Guillou

Jean Guillou, innovateur du concerto pour orgue et orchestre

Dans le geste créateur de Jean Guillou apparaissent d’une importance primordiale les notions de “personnages dramatiques” (sous forme de motifs musicaux ou d’individualisation coloristique de tel ou tel fragment) et de “colloques” entre ceux-ci (pour emprunter à son catalogue le titre – Colloques – d’une série d’œuvres de musique de chambre). Orientant son attention vers le dialogue entre l’orgue et l’orchestre – c’est-à-dire entre deux mondes sonores riches de suggestions picturales et de spatialisation –, le compositeur développe cette dramaturgie musicale selon une inventivité qui modifie la nature des forces en présence.

Si nous observons les sept Concertos qu’il a consacrés à l’orgue, l’associant à l’orchestre de chambre, à l’orchestre symphonique, à des groupes séparés (le n° 3 avec cordes, le n° 5 “Roi Arthur” avec un ensemble de cuivres), nous voyons que Jean Guillou joue des mélanges, intrications et croisements de timbres puisés à l’un ou l’autre de ces mondes sonores ; les fondus-enchaînés égarent l’oreille au point que l’on se perd à repérer la provenance de tel ou tel son !

Dès son premier Concerto (“Inventions” op. 7), il démontrait une capacité à composer de nouvelles couleurs en mêlant les modes de jeu instrumentaux à ceux de l’orgue, tandis qu’un “colloque” entre le piano et l’orgue se superposait à l’orchestration. Certes, l’opus 7 n’était pas encore libéré d’une notable influence stravinskyenne (que l’on écoute la polyphonie des vents, ou la vigueur rythmique), mais on y reconnaissait la touche du jeune maître dans les coups de patte du fauve, ou dans les moments d’émotion suspendus hors du temps.

Plus tard, il devait ouvrir de nouveaux espaces à l’imaginaire : par exemple, dans le “Concerto Héroïque”, des strates orchestrales évoluent dans de brumeux ou inquiétants paysages et, par éclairs, s’y détachent divers “personnages” sonores, tandis que l’orgue procède par “orchestration” de ses propres ressources timbriques, à l’instar de son partenaire collectif.

L’ensorcelante immensité du “Concerto 2000” émerge progressivement des ténèbres pour nous mener vers une assomption de lumière, avant de basculer à nouveau dans le royaume des ombres d’où se libèreront des éruptions de feu, tandis que le scintillement de diamants jette ses éclats au-dessus des sombres nappes orchestrales comme les astres dans la nuit. Dans cette optique, un complexe de timbres se meut de l’orchestre à l’orgue sans se laisser identifier d’un point de vue “concertant” au sens traditionnel ; il s’agit plutôt d’une mise en scène des multiples dimensions de l’aire sensorielle.

Autre univers, le Concerto n°3 tire sa puissance expressive de la densité polyphonique d’une écriture librement inspirée du sérialisme (il développe une série défective). Même le Concerto n° 5, écrit pour un effectif réduit, favorise l’éclatement du discours des cuivres et de l’orgue pour créer une sensation d’espace et de profondeur de champ ; il apparaît comme une expérience isolée avant de revenir à la poétique de l’orchestration symphonique pour le Concerto n°6.

La nouvelle œuvre (Concerto n° 7) exploite au maximum les potentialités d’une formation de 40 instrumentistes, créant une plénitude acoustique et musicale grâce à l’intensité des tensions verticales et au discours individuel des parties horizontales ; tout l’espace est investi avec véhémence, animé d’une vibration généreuse qui imprègne aussi les dialogues de l’orgue avec les solistes (principalement les percussions ou les bois). Les registres de l’orgue prolongent ou anticipent les figures de tel ou tel groupe orchestral, et, par moments, la mise en symbiose des harmoniques produites par les mutations de l’orgue avec celles des percussions compose des combinaisons d’une irréelle séduction.

Le tempérament indomptable de l’artiste ne se laisse guère apaiser par la maturité et ne cesse même de raviver sa vigueur au feu de nouvelles expériences (en témoigne son récent op. 69, La Révolte des orgues, pour un grand orgue, huit orgues positifs et percussions) : c’est pourquoi chaque nouvelle œuvre de lui (comme chaque improvisation jaillie de son génie) communique une force d’exaltation réaffleurant des couches secrètes d’une épopée intérieure qui se déroule depuis 70 numéros d’opus.

Jean Guillou est le seul à avoir libéré le concerto pour orgue des schèmes néo-classiques ou post-symphoniques pour y infuser les apports d’une orchestration vraiment contemporaine. Nul n’a conçu une telle succession de chefs-d’oeuvre, mettant en relief, avec une prodigieuse ingéniosité, les infinies variations de cette rencontre spécifique, déclinée selon les dispositions les plus diverses.

Sylviane FALCINELLI

[ Article paru en Italien sur le site Internet ”Forum dell’organo moderno” (avril 2007) et repris pour la création du Concerto n°7 (octobre 2007), puis publié en anglais dans “The American Organist” (été 2007), et en français dans la Lettre de l’ARGOS (Juillet 2007) ]

I sette concerti per organo e orchestra
di Jean Guillou

Jean Guillou, innovatore del concerto per organo e orchestra

Nella concezione creativa di Jean Guillou appaiono di somma importanza le nozioni di “personaggi drammatici” (sotto forma di motivi musicali, o d’individuazione coloristica di un qualsiasi frammento) e di “colloqui” fra essi (per riprendere il titolo – Colloques - di una sua serie di opere cameristiche).

Rivolgendo la propria attenzione al dialogo tra organo e orchestra – vale a dire tra due complessi sonori ricchissimi di suggerimenti pittorici e di spazializzazione –, il compositore sviluppa questa drammaturgia musicale all’insegna di un’inventività che ridefinisce la natura delle forze in gioco.

Se osserviamo i sette Concerti che ha dedicato all’organo con orchestra da camera, con orchestra sinfonica, con sezioni isolate (il n° 3 con archi, il n° 5 Roi Arthur con un complesso di ottoni), vediamo che Jean Guillou gioca con le mescolanze e gli incroci di timbri (“dissolvenza incrociata”, si direbbe in termini cinematografici) che sgorgano da entrambi questi mondi sonori, fino a farci perdere la nozione della provenienza del singolo suono!

Già il suo primo Concerto (Inventions op. 7), nell’inaugurare quest’accostamento, dimostrava una capacità di comporre nuovi colori originati dalla miscela delle varie prassi strumentali con quella organistica, oltre al “colloquio” tra pianoforte ed organo che si sovrappone all’orchestrazione. Certo, questa op. 7 non si era ancora liberata da una notevole influenza stravinskiana (elaborata polifonia dei fiati, vigore ritmico), ma il tocco del giovane maestro era già riconoscibile nelle zampate del leone, nei momenti di emozione sospesi dal tempo.

Più tardi, apre nuovi spazi alla fantasia : per esempio, nel Concerto Héroïque, strati orchestrali si muovono secondo nebbiose evoluzioni, e, come lampi, si percepiscono diversi “personaggi” sonori, mentre l’organo procede con “l’orchestrazione” delle proprie risorse timbriche, al pari dell’orchestra.

L’immensità incantatrice del Concerto 2000 ci trasporta gradualmente dalle tenebre verso il pieno bagliore della luce (quasi un’assunzione) con ricadute nelle oscurità ipogee da cui si sprigionano eruzioni di fuoco, mentre, come lo scintillare degli astri nella notte, dalle ombre orchestrali emergono sfavillii di diamanti. Un complesso timbrico si muove dall’orchestra all’organo senza lasciarsi identificare da un punto di vista “concertante” nel senso tradizionale ; si tratta piuttosto di una messinscena delle molteplici dimensioni sonore.

Altro universo, il Concerto n°3 trae la sua potenza espressiva dalla densità polifonica di una scrittura liberamente ispirata dal serialismo (sviluppa una serie difettiva).

Anche il Concerto n° 5, scritto per un organico ridotto, favorisce la dispersione del discorso degli ottoni e dell’organo per creare la sensazione di spazio e la profondità di campo ; appare come un’esperienza isolata prima di tornare alla poetica dell’orchestrazione sinfonica per il Concerto n°6.

La nuova opera (Concerto n° 7) sfrutta al massimo le potenzialità della formazione di 40 orchestrali, creando una pienezza acustica e musicale grazie all’intensità delle tensioni verticali e al discorso individuale delle parti orizzontali ; tutto lo spazio è investito con veemenza, animato da una vibrazione generosa che pervade anche i dialoghi dell’organo con i solisti (sopratutto percussioni o legni). I registri dell’organo prolungano o anticipano le figure di questo o quel gruppo orchestrale, e, a tratti, la messa in simbiosi delle risonanze armoniche delle mutazioni dell’organo con quelle delle percussioni compone combinazioni di inconfondibile seduzione.

Il temperamento indomabile dell’artista non si lascia acquietare dalla maturità e si rivela sempre rinvigorito dal fuoco di nuove esperienze (ne è recente testimonianza l’op. 69 : La Révolte des orgues per organo principale, otto organi positivi e percussioni): ecco perché ogni sua nuova opera (come ogni improvvisazione nata dal suo genio) comunica una forza d’esaltazione risalente dalle parti più recondite di un’epopea interiore che si svolge da 70 numeri d’opera.

Jean Guillou è l’unico ad avere liberato il concerto per organo dagli stilemi neo-classici o post-sinfonici per incorporarvi gli apporti di un’orchestrazione veramente contemporanea. Nessuno ha concepito tale susseguirsi di capolavori, dando risalto, con un ingegno prodigioso, a infinite variazioni di questo specifico incontro, declinato secondo le combinazioni più diverse.

Sylviane FALCINELLI
(marzo 2007)