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La creazione di due nuove opere di Jean Guillou: Chronique op. 73 e Impulso op. 74 |
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The creation of two new Jean Guillou's works: Chronique op. 73 and Impulso op. 74 |
Chronique d'une création ou création d'une "Chronique"
Le 26 novembre 2009 voyait naître au public l'opus 73 de Jean Guillou : "Chronique" pour trois percussionnistes, composée de la fin 2008 aux premières semaines de 2009, et donnée en première audition à Tours, sous les voûtes gothiques de la Salle Jean de Ockeghem.
Une telle oeuvre ne naissait point sans antécédents : on connaît le goût du compositeur pour la palette vibratile et résonnante qu'offre l'instrumentarium des sons frappés sur les métaux, les peaux ou le bois, invention ou acculturation de formes et de matières sans cesse développées au cours des récentes décennies. Oeuvres pour orgue et (diverses) percussions, apport de ces instruments à des effectifs originaux (Colloque n° 4 pour orgue, piano et 2 percussionnistes; La Révolte des orgues pour grand orgue, huit orgues positifs et percussion), et à son orchestration. Cet intérêt croissant conduisit même Jean Guillou à remanier en 2008 son Concerto Grosso op. 32 pour adjoindre à l'effectif originel une participation très active des percussions; la nouvelle version fut enregistrée en septembre 2009 par l'Orchestre National des Pays de la Loire sous la direction de Vincent Barthe (CD à paraître au printemps 2010).
Au fil des partitions s'affirme une attention sensible aux gerbes poétiques émanant de ces complexes timbriques : il fut donc aisé de gagner le percussionniste Jean-Baptiste Couturier à un univers sonore où il reconnaissait les saveurs idiomatiques propres à son mode d'expression. Professeur au Conservatoire de Tours, ayant constitué le Trio Delta avec Lionel Le Fournis et Jean-Christophe Garnier, J.-B. Couturier montra à Jean Guillou toutes les (vastes) ressources instrumentales qu'il pouvait mettre à sa disposition : le compositeur n'en omit aucune, comme l'atteste l'imposante superficie du dispositif à déployer sur la scène pour "Chronique" !
Qu'il compose pour orgue, pour piano, pour orchestre, pour percussions, Jean Guillou aime écouter la vie exhalée par la chair des résonances, laquelle constitue l'étoffe sonore ; il se plaît à tisser des relations croisées d'un instrument à l'autre, observant la recomposition du spectre des harmoniques que de telles "mixtures" timbriques rendent possibles. Dans cet esprit, on notera ici l'importance donnée aux percussions-claviers et aux familles de gongs de provenances les plus diverses, suscitant ainsi l'éruption de gerbes d'harmoniques qui nimbent une conduite de la composition guidée par la volonté d'incliner à une écoute mélodique de l'écriture pour percussions.
Avec une sensibilité consommée, les membres du Trio Delta ont communié dans l'aura émotionnelle se dégageant d'une texture si raffinée; la route promet d'être encore étroitement unie entre les interprètes et le compositeur réciproquement heureux de cette belle rencontre.
À l'opus 73 se joignait l'opus 74, composé au cours de l'été 2009 : Impulso pour flûte seule venait d'être créé à Padoue par Anna Mancini le 13 octobre 2009. Le concert tourangeau en vit la création française par Frédérique Saumon. Dotée d'une sonorité ample et chaleureuse, la flûtiste – elle aussi professeur au Conservatoire de Tours –sut laisser s'envoler avec liberté l'expansion lyrique qui fuse par-delà les fulgurances rythmiques, les contrastes incisifs de nuances, les phrasés vecteurs de motricité, typiques du style de Jean Guillou. Le chant n'est jamais renié dans l'esthétique résolument moderniste de notre compositeur, et la conjonction de ces paramètres, que certaines écoles radicales voulaient au contraire brandir comme antagonistes, imprime une authenticité venue du plus intime à la portée expressive de la musique de Jean Guillou.
Sylviane Falcinelli
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